Dans cette fiche:
– Pourquoi chatouiller pourrait nuire à nos enfants?
– Le réflexe spinal de Galant et le chatouillement
– Une réaction pour assurer la survie
– Une porte ouverte sur un manque de respect et de l’abus
– Les 5 conditions pour chatouiller sans activer le réflexe de Galant
– Préconiser la stimulation profonde aux chatouilles
Pourquoi chatouiller pourrait nuire à nos enfants?
On a tous fait l’expérience d’être chatouillé et d’avoir chatouillé un bébé ou un enfant, alors on trouve ça normal et on n’y prête pas trop attention.
On se souvient d’avoir vu des enfants se tortiller comme des petits vers, devenir super crispés; rire à gorge déployée avec presque plus de place pour respirer…
Lorsqu’on chatouille un enfant, ce n’est pas seulement son corps qui est submergé par les stimulations mais tout son système nerveux.
Selon Lawrence Cohen, Ph. D., cela met l’enfant dans une posture d’impuissance et d’insécurité puisqu’il n’a aucun moyen de contrôler cet inconfort voire cette douleur qui s’empare de lui lorsqu’il perd le contrôle de son propre corps.
Cette grande vulnérabilité met son système nerveux en alerte, car il ne peut pas prévoir la trajectoire des stimulations ni leur durée. Cet effet de surprise et d’imprévisibilité active ses mécanismes de défense et ses réflexes, un peu comme s’il se sentait attaqué.
Le réflexe spinal de Galant et le chatouillement.
Pourquoi certains enfants sont-ils chatouilleux alors que d’autres pas?
Bien des enfants réagissent fortement, en s’agitant et en ne contrôlant pas leurs mouvements lorsqu’ils sont chatouillés. Ils ont une plus grande hypersensibilité tactile, les récepteurs de la peau sont plus sensibles principalement au niveau de la taille et du bas du dos.
Cette hypersensibilité serait la conséquence d’un réflexe mal-intégré, soit le réflexe spinal de Galant. Lorsque ce réflexe n’a pas terminé sa maturation et qu’il est encore présent chez l’enfant, on observe dans la majorité des cas de l’agitation motrice, de l’hyperactivité et de l’impulsivité qui affectent le contrôle moteur, la capacité d’attention et la coordination.
L’enfant rit alors par nervosité pour se libérer de cette hyperstimulation et de cette perte de contrôle qu’il ressent. Le réflexe spinal de Galant est activé ce qui déclenche une hypersensibilité au niveau du bas du dos, de la taille et des muscles sacro spinaux causant de l’agitation motrice et des réactions impulsives.
Le réflexe spinal de Galant étant présent, cela ne permet pas à l’enfant de développer le contrôle de ses réactions. Il se retrouve en mode survie.
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Une réaction pour assurer la survie
Selon le neuroscientifique, Robert R. Provine, l’origine du chatouillement serait directement reliée à un besoin d’assurer notre survie.
Jadis, le fait de ressentir une sensation de chatouillement, indiquait au système nerveux de nos ancêtres, qu’un ennemi s’approchait ou rôdait. C’est cette stimulation épidermique, produite par un toucher ou un déplacement rapide créant un changement d’air, qui viendrait déclencher nos mécanismes de survie. Nos réflexes s’activent ainsi pour nous protéger des prédateurs ou des parasites potentiellement en train de nous attaquer.
Le chatouillement aurait donc pour racines un réflexe de survie. Chez un enfant où le réflexe spinal de Galant est encore actif, la sensibilité au niveau neurosensoriel est plus grande. Le chatouillement serait alors ressenti comme plus invasif, envahissant, stressant et déstabilisant que plaisant.
Une porte ouverte sur un manque de respect et de l’abus
Pour l’enfant, le chatouillement insistant et invasif pourrait être ressenti comme un manque de respect de son intimité du fait qu’il a eu de la difficulté à faire respecter ses limites. Trop souvent, malgré ses tentatives de demandes d’arrêt, l’enfant n’est pas entendu ni respecté par l’adulte qui croit que son rire nerveux incite à plus de chatouilles.
Ainsi, l’enfant peut enregistrer, à tort, qu’il est normal que sa frontière et celle des autres soit traversée sous prétexte que c’est un jeu. La notion d’avoir une bulle et de protéger son espace personnel peut ainsi devenir ambiguë et conduire l’enfant à accepter des gestes d’abus, car il peut adopter la croyance qu’il est acceptable et normal d’être touché contre son gré.
Les 5 conditions pour chatouiller sans activer le réflexe de Galant
Selon Alan Fridlund, de l’Université de Californie, spécialiste de la communication non-verbale, chatouiller les enfants serait acceptable et normal à condition que cela se produise dans des circonstances spécifiques.
Tout d’abord, proposer à l’enfant plusieurs types de toucher: les massages, les chatouilles et les pressions profondes. Valider ce qu’il préfère.
Voici les 5 conditions pour que les chatouilles ne nuisent pas à l’enfant. Elles doivent être:
- Amusantes, dans un contexte ludique.
- De courte durée. Commencer par un 15-20 secondes et valider avec l’enfant : l’intensité, la durée et son ressenti.
- Réciproques: permettre à l’enfant de chatouiller l’adulte en même temps pour contrecarrer le sentiment d’impuissance et de vulnérabilité.
- Entrecoupées de pauses pour valider si le rire est un rire réel ou d’inconfort.
- Empathiques: lorsque l’enfant dit arrête, stop ou le manifeste en gestes: on l’écoute dans la seconde.
Rappelons-nous qu’il est de notre devoir de rappeler à l’enfant qu’il n’a pas à accepter d’être touché ou chatouillé par n’importe qui et qu’il peut nommer son inconfort et poser ses limites. S’il ne se sent pas entendu ou respecté, l’inviter à en parler à un adulte en qui il a confiance.
Préconiser la stimulation profonde aux chatouilles
Sans être trop puriste, si l’enfant aime et demande des chatouilles, nous n’y voyons pas de problème. À condition de le respecter dans son rythme, son besoin de pauses et de reprendre son souffle, et surtout, dans son affirmation de ses limites lorsqu’il nous demandera d’arrêter.
En même temps, nous vous suggérons définitivement de préconiser les moments collés, les massages et les caresses aux chatouilles. Les touchers et stimulations profondes sont beaucoup plus sécurisantes et apaisantes pour l’enfant et n’ont que des impacts positifs sur le système nerveux.
Quelle est votre position sur le sujet maintenant que vous savez que rire ne rime pas toujours avec plaisir? Ça nous intéresse de savoir?
Sources :
https://www.nytimes.com/2020/07/13/parenting/kids-tickling.html?searchResultPosition=1
https://www.cairn.info/revue-spirale-2019-1-page-9.htm
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Nous aimons beaucoup te lire et nous sentir en lien avec toi et toute la communauté.
Nous avons déjà hâte de te lire!
Bon point. A faire attention et a communiquer
Merci Claudia d’avoir pris le temps de nous écrire.
C’est essentiel de valider avec l’enfant et surtout la durée. Comme la stimulation est assez forte, y aller avec une courte durée tout d’abord: un 4-5 secondes et arrêter, valider avec l’enfant s’il en veut plus ou si c’est suffisant.
Et peut-être lui demander: est-ce que tu aimes ça ? Préférais-tu un massage au lieu des chatouilles? Et offrir la possibilité de changer de rôle: un chatouilleux et un chatouillé pour donner aussi à l’enfant la chance d’inverser les rôles.
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Excellent et très intéressant! Plusieurs personnes me disent qu’elles chatouillent leurs enfants pour les faire rire. Personnellement, je ne chatouille jamais et je n’ai jamais recours aux chatouilles dans mes programmes – étant très chatouilleuse moi même – mais je ris beaucoup quand même! HAHAHA! Merci!
HA HA HA HA! Je suis sure et sans aucun doute que tu n’as pas besoin de chatouiller les enfants pour les faire rire, tu as plus d’un tour dans ton sac, grande spécialiste du rire loll 🙂